mardi 30 août 2011

Le poker, un monde de (semi) brokes ?

Pour beaucoup de personnes – souvent non initiées -, les joueurs professionnels sont tous millionnaires et vivent comme des ballas. Pourtant, il suffit de se pencher un peu sur la question pour constater que c’est loin d’être le cas. Prenez David « Chino » Rheem par exemple. Ce joueur américain est très talentueux. Il a même remporté il y a quelques jours la première étape de l’Epic Poker League pour un gain d’un million de dollars. Jusque-là, tout va bien.

Le problème survient quand on apprend que l’ancien November Nine (en 2008) a emprunté énormément d’argent à d’autres joueurs et qu’après avoir remboursé ses dettes (parfois sous la menace), il devrait lui rester à peine 10 % de son prix. Un peu triste non ? Mais ce qui est encore plus triste, c’est que Chino Rheem ne serait pas le seul à vivre à crédit, loin de là.

Pour illustrer les difficultés que peuvent rencontrer certains joueurs, je vous invite également à visionner la dernière semaine de Poker After Dark. La line up est certes composée des plus gros nits de la planète (hormis Peter Jetten), mais elle nous propose une approche du poker assez intéressante et très loin des affrontements sanglants entre Tom Dwan, Phil Ivey et Patrik Antonius. A mon sens, le symbole de cette partie est Jean-Robert Bellande. Au début, j’étais surpris de le voir disputer une aussi grosse partie dans la mesure où son dernier passage dans l’émission (au format classique Sit’n Go) nous avait montré l’Américain très affecté par la perte d’un coin flip (certes, il flop son brelan et perd face à une gutshot, mais ça reste un 50/50). Mon opinion à ce moment-là était qu’un SNG à 20 000 dollars représentait quelque chose de très important pour lui.

Du coup, le voir s’asseoir de nouveau à cette table avec 100 000 dollars était plutôt surprenant. Et au fur et à mesure de mon visionnage, plusieurs sentiments se sont succédés. Les voici :

1) « Regardez moi ce gros balourd qui se la pète avec ses histoires à la con, ses rires gras et qui se permet de prendre de haut Peter Jetten quand ce dernier double son tapis et prend une petite pause ».
2) « Non seulement il se la pète, mais en plus il est pas bon. Chaque décision a l’air d’être une souffrance pour lui. Il maîtrise peut-être plusieurs variantes, mais le Hold’em No Limit, il faut qu’il arrête ».
3) « Ah ouais quand même ! Il est nul, mais au moins il est honnête sur sa situation. Pour lui, jouer une telle partie revient à se mettre en danger et il l’admet volontiers. Il me fait presque de la peine maintenant. »

Si vous décidez de regarder ces épisodes, je vais vous spoiler un petit peu. D’avance désolé. Les points 1) et 2) ne nécessitent pas vraiment de développement. Le 3) en revanche mérite qu’on s’y attarde. Pour mieux comprendre, voici la main sur laquelle Jean-Robert Bellande perd presque tout son stack (vous noterez au passage la grande classe dont fait preuve une nouvelle fois Phil Hellmuth).



Deux choses m’ont choqué : le play vraiment douteux (« douteux » étant la version polie de « à chier ») et l’interview qui suit (pas présente dans l’extrait ci-dessus). Dans cette main, Bellande a tout faux. Si le flat au bouton se tient, son New York Back Raise est à mon sens très mauvais. En gros, il cherche à représenter AA ou KK. Mais aurait-il overcall au bouton une telle main en sachant que les blinds n’allaient squeeze qu’avec une premium et risqué ainsi un multiway avec les as ou les rois ? Clairement non. Du coup, il représente exactement ce qu'il a (AQ, TT/JJ). De plus, le squeezeur se nomme Chris Ferguson, l’empereur des barres d’acier. Quand « Jesus » 3bet dans 3 joueurs, la logique est de partir en courant, même avec AQ. Enfin, le sizing de Jean-Robert est lui aussi très mauvais. Il se commit (et le montre). Avec AA ou KK, aurait-il vraiment envie de chasser son adversaire ? Vous connaissez la réponse.

Néanmoins, ce grand couillon trouve le moyen de se refaire une image (à mes yeux en tout cas) dans l’interview d’adieu. Il avoue ainsi que sa bankroll ne lui permet théoriquement de jouer qu’en 10/20 (NL2000) et qu’une telle partie est très au-dessus de ses moyens. « Quand les autres joueurs perdent leur tapis, ils peuvent recaver. Pas moi », déclare-t-il. Ca a le mérite d’être honnête. Et presque triste...

En bref, ne croyez pas que les joueurs de poker – y compris les plus réputés – sont tous riches et peuvent se permettre de perdre des millions sans sourciller. Je pense que c’est une des idées reçues les plus répandues, surtout parmi ceux qui connaissent mal ce milieu.

Si ce papier (un peu long, désolé ^^) a pu aider certains d’entre vous à mieux percevoir les acteurs qui composent ce monde très particulier, alors tant mieux. Sinon, le débat reste évidemment ouvert. J

lundi 29 août 2011

Les aventures d’un random grinder/journaliste

Les blogs poker sont très nombreux, je vous l’accorde. Mais si j’ai décidé de lancer le mien, ce n’est pas pour les concurrencer ou « pour faire comme tout le monde ». Pendant deux ans, j’ai eu la chance de m’occuper seul du blog de Pokerstars (n° 1 du poker en ligne). Deux années pendant lesquelles j’ai écumé le circuit en couvrant plusieurs EPT, FPS et événements divers. Tout en m’occupant également de la rubrique poker du site 01men.

Depuis mars dernier, je n’exerce plus ces deux activités. Et je ne vous cache pas que l’écriture me manque. C’est donc le moment parfait pour me lancer dans cette petite aventure. Car si je travaille dans ce milieu depuis quelque temps maintenant, je suis aussi, et avant tout, un joueur. Voici donc mon parcours résumé en quelques lignes. Aucun brag là-dedans, simplement des faits afin de me présenter le plus précisément possible.

Tout commence en 2006, avec un petit dépôt de 50 dollars sur Pokerstars. Quelques Sit’n Go pour commencer et lancement dans le grand bain du cash game, de la NL10 à la NL400 (limite sur laquelle je me suis logiquement cassé les dents par manque de skill et de tracker) pour finalement m’installer en NL100. Avec une bankroll de 15 000 dollars et fatigué de breakeven pendant des semaines (les regs de PS sont solides), je tente un dépôt sur Bwin en septembre 2009, site réputé très fishy. Le résultat est sans appel :



En 6 mois de grind, je tourne à 14 bb/100 entre la NL100 et la NL400 avec en apothéose un mois de février 2010 à + 10k. Ajoutez quelques bonus fort sympathiques et le bilan est plutôt flatteur. Peu après, je teste Paradise Poker et y gagne 3000 euros en quelques semaines mais je ne prends pas le temps de m’y installer. En effet, les rooms françaises débarquent. Il faut tout recommencer.

Petit dépôt de 1000 euros en août 2010 sur Bwin.fr (merci les limites fixées par l’ARJEL) et on recommence. Les premières semaines sont compliquées, la faute à une déchatte impressionnante (plus de 50 caves d’EV dans les dents, soit 6k euros). Mais la bankroll monte tout de même. Au final, pour ma première année sur le .fr, le bilan est plutôt correct (il manque 4k euros sur le graph en raison d’un formatage qui m’a fait perdre mes mois de mai et juin).


Avec les bonus et une petite session live à + 1300, on atteint presque les 30k euros de gains sur l’année. C’est plutôt pas mal.

Aujourd’hui, pour des raisons de trafic à mes heures de jeu (l’après-midi) et parce que j’aime bien jouer au moins 6 tables en même temps (impossible en NL100), je joue plutôt en NL50. Je run plutôt moyennement en ce moment et je connais une petite perte de motivation qui fait que je joue moins. D’une manière générale, j’ai le sentiment que depuis le .fr, beaucoup de grinders qui écumaient la NL100/NL200 au temps du .com ont vu leur progression interrompue sur le .fr. Le niveau est certes moins bon, mais le faible trafic de la plupart des sites ne permet pas de table select convenablement. De plus, après l’euphorie des premières semaines, les fishs se font de plus en plus rare en NL100 et plus. Il faut vraiment espérer que la loi s’assouplisse en décembre prochain lors de la revoyure annoncée. La taxe imposée par l’Etat tue peu à peu le marché. Et le fait de restreindre l’accès aux rooms aux joueurs français (sauf quelques exceptions) n’est pas fait pour pérenniser cette activité. Prions pour un changement rapide !

Maintenant que le blog est lancé, le but est bien évidemment de le faire vivre. Je rebondirai donc régulièrement sur l’actu poker tout en vous tenant au courant de mon évolution.

En attendant, bon grind à tous !